Approche sur la contamination effective du virus influenza.

Publié le par ryback

Voici un texte émanant de I. LECLERC de l'unité de génétique moléculaire des virus respiratoires de l'institut PASTEUR qui explique les conclusions d'une étude portant sur une simulation de la transmission du virus influenza dans le Sud-Est asiatique, et plus particulièrement en Thaïlande. Cet article me parait très intéressant car il innove de ce qui est vu ordinairement.

Auteur(s) : I. Leclercq

Université Paris 7 - Denis Diderot
Unité de génétique moléculaire des virus respiratoires
Institut Pasteur, Paris.

Les virus aviaires hautement pathogènes H5N1 de type A circulent largement de manière endémique chez les oiseaux sauvages et domestiques. La possible contamination interhumaine a été évoquée au sein de groupes familiaux en Asie du Sud-Est, mais n’a jamais donné lieu jusqu’à présent à une contamination communautaire étendue. Néanmoins, le risque de survenue d’une pandémie à virus H5N1 est à craindre, car des mutations et/ou réassortiments génétiques pourraient augmenter la transmissibilité du virus dans la population humaine. Il est donc primordial d’identifier clairement les conduites à tenir en termes de santé publique dans le cas de l’émergence d’une pandémie grippale. L’équipe de recherche dirigée par Neil Ferguson, dont les résultats ont été publiés récemment dans Nature, a mis au point un modèle mathématique de simulation de la transmission du virus influenza dans le Sud-Est asiatique, et plus particulièrement en Thaïlande. La population étudiée représente 85 millions d’individus. L’étude suppose que l’épidémie démarre à partir d’un individu infecté par un virus aviaire, porteur d’une mutation ou d’un réassortiment lui conférant un caractère pandémique et ce, dans une zone rurale à faible densité démographique, censée être parmi les régions les plus exposées au virus. Cette modélisation intègre à la fois des données démographiques (densité de population, âge, déplacements de la population, structure des lieux de vie collectifs, comme les écoles, les bureaux, etc.) et des données épidémiologiques sur la grippe. Les hypothèses de travail supposent que l’infection virale se déclare et se propage en 2,6 jours et qu’un diagnostic est effectué dans 50 % des cas. Dans ces conditions, et avec un nombre de reproduction de base Ro de 1,5, représentant le nombre moyen de cas secondaires générés à partir d’un cas primaire typique dans une population susceptible, le pic de contamination serait atteint au 150e jour et 33 % de la population serait infectée. En revanche, si Ro atteint 1,8, le point culminant de l’épidémie surviendrait au bout du 100e jour et 50 % de la population serait contaminée. La prophylaxie antivirale seule pourrait contenir l’épidémie si 90 % de la population présente dans un rayon de 5 à 10 kilomètres du cas index était traitée et si ces mesures étaient prises avant qu’il y ait plus de 50 cas infectés. Au-delà, la mise en place de mesures prophylactiques ne serait pas assez efficace et devrait s’accompagner de mesures sociales, comme la fermeture des écoles, de lieux de culte, de certains lieux de travail, la réduction du nombre de contacts entre les individus, la limitation des voyages et des déplacements. La mise en quarantaine de la région augmenterait efficacement la retenue de l’épidémie. Les chercheurs prévoient qu’un stock de 3 millions de traitements antiviraux devrait être suffisant pour juguler la pandémie. Les chances de succès augmenteraient si cette politique de santé publique était étendue aux pays frontaliers. La Thaïlande est actuellement le pays du Sud-Est asiatique le mieux préparé à la survenue d’une pandémie de grippe. La retenue de la pandémie serait cependant peu probable dans le cas d’un Ro > 1,8.

SOURCE ICI

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G
C'est très intéressant
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