Pourquoi être inquiet du virus H5N1.

Publié le par ryback

I) les classes de virus :

En bref, on peut séparer grossièrement les classes de virus en deux ensembles.

A) Un grand nombre, et en particulier le virus de la grippe, sont très toxiques pour les cellules où ils se multiplient très rapidement. Ces virus sont dits cytopathiques. Diverses réponses sont apparues au cours de l'évolution des animaux pour en tenir compte: les animaux infectés doivent monter une réponse très rapide et efficace pour parer à la mort cellulaire massive qui risque d'entraîner celle de l'individu infecté.
B) Les autres virus forment une classe très hétérogène qui comprend des virus qui évitent les réponses de l'hôte en se multipliant plus lentement — ce qui les rend moins visible — et conduit à des infections persistantes au cours desquelles le virus a tout le temps de muter dans l'hôte et donc de contourner ses défenses immunitaires. C'est le cas du virus du sida, le VIH.

II) la reponse de l'hote


A) Après contact avec un virus cytopathique, l'hôte répond par une réponse mettant en jeu divers processus constituant l'immunité innée, dont quelques éléments sont, au cours de l'évolution des espèces, déjà présents chez les insectes et éliminent bien des infections virales. Cette étape suffit à protéger l'individu, du moins lorsque le nombre des particules infectantes n'est pas trop grand.
B) La seconde réponse met en jeu une interaction compliquée entre differentes classes de cellules du système immunitaire, les cellules T et B.
Après une interaction avec des cellules T, des cellules B produisent les anticorps bien connus, qui, dans le cas des virus cytopathiques, commencent à neutraliser le virus (collent à lui et font des agrégats qui seront ingérés et détruits par d'autres cellules du système immunitaire). Cette synthèse d'anticorps neutralisants commence à être effective après 4 jours, puis elle augmente rapidement en quelques jours. L'individu guérit alors, tout en gardant la mémoire de cet événement, assurant une protection habituellement longue, de quelques mois à plusieurs dizaines d'années.
C'est sur cette observation que reposent la plupart des vaccinations.
Ce processus remarquablement efficace, sélectionné au cours des millions d'années de co-évolution entre virus et hôtes a un invonvénient: il est extrêmement sélectif.
La partie de l'enveloppe virale qui est reconnue par le système immunitaire est minuscule. C'est le prix qu'il a fallu payer pour que se monte une réponse très efficace et rapide, au sein d'un système particulièrement compliqué. Mais, si au jeu de l'évolution on prend le point de vue du virus, on voit qu'il trouvera une porte de sortie s'il s'arrange pour que cette région évolue rapidement, dans un répertoire aussi large que possible: c'est ainsi qu'il échappera à la mémoire des hôtes qu'il a précédemment infectés.

III) ruse du virus : mutation sur N et H

C'est exactement ce qui se passe avec le virus de la grippe: deux motifs architecturaux de la surface du virus, appelés H et N sont reconnues par la réponse contre les virus cytopathiques.
Mais en raison de la pression de sélection, seuls les mutants de ces virus qui auront échappé aux anticorps neutralisants qui ont détruit leurs ancêtres au cours d'épidémies passées, pourront se propager, et créer une nouvelle épidémie.
C'est ainsi que des variants des régions H et N, étiquetés 1, 2, 3, etc vont à leur tour envahir les populations d'oiseaux et humaines. Des variations subtiles se surajoutent à ces grands types, donnant plus de latitude au virus dans son pouvoir pathogène. Heureusement toutes les combinaisons ne sont pas aussi efficaces en termes d'invasion des cellules hôtes, ce qui fait qu'il faut toujours un certain temps avant que se produise une nouvelle forme infectieuse, et que ces formes ne sont pas toutes également virulentes. Par ailleurs ces formes sont toutes plus ou moins apparentées, ce qui fait qu'il reste en général au moins une faible protection chez les individus, ce qui rend la nouvelle épidémie moins préoccupante.

Cependant, de temps en temps, une forme entièrement nouvelle apparaît, contre laquelle aucune protection autre que la réponse innée n'existe. C'est exactement la situation qui semble se profiler dans le cas des virus de la grippe du complexe H5N1.

Merci à Anne pour ce travail.

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B
Merci de ces explications.
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